Dès le début du XVIIIe siècle, la Cathédrale a été pourvue d’un orgue de chœur. D’abord placé sur le jubé qui séparait la nef du chœur des chanoines, cet instrument a ensuite pris place au fond du chœur, derrière le maître-autel. À l’occasion du réaménagement du chœur en style néogothique, un nouvel orgue correspondant davantage au goût musical de l’époque fût commandé au facteur Aristide Cavaillé-Coll et installé dans les stalles en 1846. Cet instrument, miraculeusement épargné par les bombardements de 1944 a été déplacé après la guerre sur une tribune du collatéral nord et y est demeuré jusqu’à l’inauguration du grand-orgue en 1980. Il a ensuite été vendu à la paroisse de Tinténiac où il se trouve encore aujourd’hui.

Depuis une vingtaine d’années, l’habitude prise par les Chœurs de la Cathédrale d’assurer le chant des offices depuis le chœur gothique ainsi que le développement des concerts « chœur et orgue » rendaient à nouveau nécessaire la présence d’un instrument d’accompagnement d’une certaine importance. En effet, l’orgue coffre de quatre jeux construit par Yves Koenig en 1986, de belle facture, ne pouvait néanmoins soutenir avec l’ampleur et la variété de timbres nécessaires les chœurs à l’occasion des offices et des concerts. De même, compte tenu de la distance qui sépare la tribune d’orgue du lieu où se placent les chanteurs pour les concerts, les tentatives d’accompagnement depuis le grand-orgue n’ont jamais été pleinement satisfaisantes, tant du point de vue de la justesse du chœur et de la rectitude rythmique de l’ensemble, que de la perception que peut en avoir l’auditoire.

Grâce au legs généreux d’une paroissienne, Madame Simonne Faisant-Heurtaud, décédée en 1999, le projet a pu prendre corps petit à petit. Étant donné que le grand-orgue de tribune construit en 1980 par la Manufacture Koenig de Sarre-Union (67) donnait entière satisfaction à la paroisse et aux organistes, et que les relations avec Yves Koenig, maître facteur d’orgues étaient excellentes, il a tout naturellement été décidé de lui confier la construction du nouvel orgue. En outre, cela permettait d’assurer une heureuse unité stylistique entre les deux instruments de la Cathédrale destinés à dialoguer.

La composition des jeux demandée au facteur est assez typique des orgues de chœur construits en France dans la seconde moitié du XIXe siècle et correspond bien aux exigences du répertoire religieux que le nouvel orgue est destiné à servir, comme en témoigne le programme de la deuxième partie du concert inaugural. Pour autant, cet orgue n’a pas été conçu comme un instrument résolument romantique dans la mesure où il devait pouvoir répondre au grand-orgue, de style plutôt classique, tout en lui étant complémentaire.

Afin de tenir compte de la disposition assez inhabituelle de la Cathédrale, avec un chœur situé en contrebas de la nef, il a été demandé au facteur d’orgues de prévoir une double transmission pour cet instrument. Une première console, placée dans les stalles, fixe et destinée à l’accompagnement des offices, permet à l’organiste de voir le chœur et son chef tout en étant en contact direct avec l’instrument grâce à une transmission des notes purement mécanique. La seconde console, électrique et mobile, facilite grandement l’utilisation de l’instrument pour les concerts en permettant à l’organiste d’être placé au milieu de l’orchestre et/ou des chanteurs et de suivre aisément la direction du chef. Les deux consoles sont munies d’un combinateur électronique de dernière génération qui permettra aux organistes d’enregistrer à l’avance leurs registrations.

 

Composition de l’orgue de chœur

Grand Orgue, 56 notes : Bourdon 16’/ Montre 8’/Bourdon 8’/ Flûte harmonique 8’/ Prestant 4’/ Doublette 2’/ Plein-jeu V/

Récit expressif 56 notes : Bourdon à cheminée 8’/ Viole de gambe 8’/ Voix céleste 8’/ Flûte 4’/ Flûte 2’/ Sesquialtera II/ Basson-hautbois 8’/ Trompette harmonique 8′

Pédale 30 notes : Bourdon (acoustique) 32’/ Soubasse 16’/ Basse 8’/

II/I, I/P, II/P, Tremblant doux

Antoine Hervé
Maître de chapelle de la Cathédrale