Alfred DESENCLOS : Requiem, et oeuvres de MESSIAEN, POULENC, CASTAGNET, FAURE, DURUFLE
Programme
Choeurs de la Cathédrale Saint Vincent (St-Malo) et “La Scordatura”
Direction : Christophe Sam
Orgue : Frédéric Desenclos
Alfred DESENCLOS :
Requiem, accompagné à l’orgue par son fils, Frédéric DESENCLOS
Francis POULENC :
Salve Regina
Olivier MESSIAEN :
O Sacrum Convivium
Maurice DURUFLE :
4 motets, et Notre Père
Yves CASTAGNET :
O Salutaris
Christophe SAM :
Notre Père
Alfred DESENCLOS
Né au Portel (Pas-de-Calais) le 7 février 1912, Alfred Desenclos est mort à Paris le 3 mars 1971. Septième d’une famille de dix enfants, il doit travailler comme dessinateur industriel sur tissus jusqu’à l’âge de vingt ans pour assurer la subsistance familiale. Ayant dû renoncer à poursuivre ses études générales, il entre toutefois au Conservatoire de Roubaix en 1929 pour y étudier le piano qu’il avait pratiqué jusque là en amateur. Armé d’une ténacité à toute épreuve, il récoltera plusieurs récompenses en piano, orgue, harmonie, histoire de la musique, tout en continuant son travail de dessinateur. Le bagage qu’il acquiert en seulement trois ans devait être particulièrement solide, puisqu’il entre au Conservatoire de Paris en 1932. Les études qu’il y mène seront particulièrement brillantes : à plusieurs prix (harmonie, fugue, composition, accompagnement), il ajoutera la gloire toute académique d’un Premier Grand Prix de Rome en 1942. Devenu directeur du Conservatoire de Roubaix de 1943 à 1950, il démissionne de ce poste pour se consacrer à la composition, avant d’être nommé professeur d’harmonie au Conservatoire de Paris en 1967.
La vie musicale du Paris de l’immédiat après-guerre est d’une singulière effervescence. De par sa formation, Desenclos se situe d’emblée dans le camp des néo-classiques, qui doit à cette époque affronter une contestation virulente, largement alimentée par la presse musicale. Desenclos se refuse cependant à croiser le fer et réussira, grâce à son esprit fin et ironique, à préserver une grande liberté d’esprit. Sans renier la qualité de sa formation académique (qui lui a ‘ailleurs permis de mettre fin à ses problèmes matériels), il n’en n’ignore pas les limites, avouant notamment qu’il n’avait « commencé à écrire de la musique qu’à partir de son Prix de Rome ».
Les premiers contacts de Desenclos avec la musique religieuse datent de ses années d’étude au Conservatoire. Il obtient alors, afin d’assurer sa subsistance, un poste de maître de chapelle à Notre-Dame-de-Lorette. Les motets qu’il compose pour cette église suivent la tradition initié par Saint-Saens et surtout Fauré, avec ses harmonise raffinées et son généreux sens mélodique. Après avoir produit plusieurs œuvres purement profanes (quintette, un Concerto pour trompette, un Concerto pour violon, une Symphonie honorée d’un Grand Prix de la Ville de Paris en 1956), Desenclos s’intéresse de nouveau à la musique sacrée, en composant en 1958 deux pièces pour chœur a capella, Nos autem et Salve Regina, qui lui permettent de définir un style qui annonce le Requiem de 1963, très différent de ses motets de jeunesse
Composé en 1963, l’œuvre fut créée à l’ORTF, à Paris, le 10 octobre 1965 sous la direction musicale de René Alix ; en Angleterre, à Londres en 1970 et aux Etats-Unis à Détroit en 1975.
Très croyant, Désenclos a conçu ce Requiem comme une grande pièce liturgique bannissant volontairement tout effet théâtral, tout élément tragique, toute tension dramatique, dans l’intention de créer une atmosphère de sérénité contemplative. L’harmonie est généreuse et mouvante (modulations fréquentes), le contrepoint hautement maîtrisé (nombreux canons ou imitations dans l’offertoire, le Sanctus, le Pie Jesu et le Libera me), et les lignes mélodiques dérivent de mélismes grégoriens à l’ambitus restreints et à la rythmique fluide. Il y a sept parties ; la Séquence est omise, et par conséquent le Dies irae intégré au Libéra me (comme chez Fauré, par exemple). L’équilibre est pour Desenclos la vertu essentielle. S’il respecte certains poncifs (la grande à l’unisson du chœur pour le Libera me, indispensable depuis Fauré et Duruflé), il en pulvérise d’autres, évitant par exemple le suave solo du Pie Jesu, remplacé par un chœur aux harmonies de style plutôt médiévales. S’il renonce à citer textuellement de motifs grégoriens de la messe des morts (Duruflé ayant sans doute épuisé le sujet), il n’hésite pas à prendre exemple sur ceux-ci pour forger son matériel thématique (faible ambitus, mélismes, indications « quasi gregoriano »). Cependant, en alternant effets harmoniques et polyphoniques, Desenclos parvient à créer un style original, aussi peu rétrograde qu’il est avant-gardiste, d’une expressivité directe, sans boursouflures ni sècheresse. Rebelle à tout système, il se livre sans aucun a priori, à un savant dosage de tradition et d’initiatives personnelles.
Organiste et fils du compositeur
Issu d’une famille de musiciens, Frédéric Desenclos travaille l’orgue auprès de Gaston Litaize et d’André Isoir, remporte les premiers prix d’orgue et complète sa formation par des études d’écriture et d’histoire de la musique au C.N.S.M. de Paris ainsi que de clavecin et de musique de chambre. Lauréat de l’European Organ Competition de Bolton (Grande-Bretagne 1992) et de l’Internationale Orgel Konkurrence d’Odense (Danemark 1994), organiste à Paris puis à la Chapelle royale de Versailles pendant 10 ans, Frédéric Desenclos est à présent professeur d’orgue à l’E.N.M. d’Orléans et directeur musical de l’Ensemble Pierre Robert.
Son activité de concertiste le conduit à participer à de nombreuses manifestations musicales prestigieuses : Amsterdam, Barcelone, Denver, Gent, Haarlem, La Roque d’Anthéron, Lisbonne, Londres, Maastricht, Nantes, Poitiers, Saintes, St-Michel-en-Thiérache, Stockholm, Toulouse, Versailles, York, Zaragoza…
Une large part de son activité discographique (une trentaine d’enregistrements) est consacrée au répertoire baroque qu’il a enregistré pour différentes firmes dont Auvidis, Emi-Virgin Classics, Hortus, K 617, Tempéraments Radio-France, Triton et Alpha.
En 1999, il crée l’ensemble Pierre Robert, qui compte déjà plusieurs enregistrements consacrés à Charpentier, Couperin, Du Mont et Daniélis tous distingués notamment par la critique internationale (cd del mese d’Amadeus, editor’s choice de Gramophone), avec lequel il se produit dans toute l’Europe et aux Etats-Unis.
Lorsqu’en 1972, la cathédrale Saint-Vincent fut complètement restaurée, le père Rivet, alors curé-archiprêtre émit le désir de voir ce sanctuaire redevenir pleinement l’âme de la cité, et un centre spirituel et culturel pour notre région . Il confia à la Maîtrise D’Aleth cette mission de restauration spirituelle, qu’elle s’efforça, sous la direction du Père Bernard Orhant, de remplir au mieux, en assurant l’animation liturgique de la Grand’ messe chaque dimanche dans la tradition énoncée par les textes du concile Vatican II, et en animant chaque année le Festival de Musique Sacrée.
La Maîtrise d’Aleth, devenue plus tard les « Chœurs de la Cathédrale Saint-Vincent » est actuellement placée pour les concerts sous la direction de Christophe Sam, et pour la liturgie, sous la direction d’Antoine Hervé.
Les « Chœurs de la Cathédrale Saint-Vincent » se préparent tout au long de l’année, ainsi qu’à l’occasion de stages ou de journées de travail, à exécuter une œuvre en concert au cours du Festival : ils ont ainsi interprété de nombreux chefs d’œuvres de la musique sacrée : Theresienmesse de Haydn, Spatznmesse de Mozart, messe de Beethoven, oratorios de Mendelssohn, Passion selon Saint Jean de J.S. Bach…
Fondé en 1996 sous l’impulsion de Christophe Sam, le chœur de chambre LA SCORDATURA, implanté en Bretagne, réunit seize chanteurs professionnels pour interpréter prioritairement la musique de Bach tout en diversifiant le répertoire. Grâce à un travail vocal et à une recherche musicale approfondie, l’ensemble s’est imposé comme un des ensembles les plus aboutis parmi ceux qui travaillent actuellement en Bretagne.
L’ensemble a donné une centaine de concerts à Rennes et Métropole (Cesson-Sévigné, Châteaubourg, Champeaux, Le Rheu etc..) mais aussi en France notamment à Saint-Malo, Nantes, Versailles, Paris, Blois, Tours, Vézelay. LA SCORDATURA a également enregistré et produit un disque (messe et motets de Pierre de Manchicourt) diffusé partout en France.
LA SCORDATURA revisite des compositeurs de la Renaissance tels que Tomas Luis de Victoria, Thomas Crecquillon, Josquin Desprez, Giaches de Wert, Eustache du Caurroy, Antoine Brumel, Roland de Lassus, Cristobal de Morales, Pierre de Manchicourt, Guillaume Bouzignac mais s’attache également à la découverte de répertoires plus tardifs tels que Georg Philipp Telemann, Johann Sebastian Bach, Wolfgang Amadeus Mozart, Félix Mendelssohn, Maurice Duruflé, Gabriel Fauré.
Afin de diversifier son répertoire, son champ d’activités artistiques et proposer une professionnalisation aux jeunes chanteurs, LA SCORDATURA devient la base fondatrice des ensembles spécialisés : FIGURALIS (Renaissance) et Arcade (Baroque) et se donne pour missions : la promotion des répertoires de Bach jusqu’à nos jours, la possibilité, aux chanteurs de Bretagne et d’ailleurs, de se former en intégrant la structure pour des projets professionnels et de se confronter aux exigences des scènes nationales et internationales.